Jusqu’à maintenant, j’ai rencontré bon nombre de navigateurs de toutes sortes, des gens du milieu de la voile pour la plupart, visité de nombreux salons nautiques autant au Canada qu’aux Etats-Unis, navigué une bonne partie de ma jeunesse avec mon père. Des sorties parfois calmes, d’autres moins, autant du point de vue météo qu’émotionnel… La mer à même déjà voulu me prendre… Elle possède le don de vous attirer sans cesse. Je ne saurais vous dire si elle a le même effet pour chacun, mais pour celui ou celle ayant navigué très jeune, il s’agit de quelque chose impossible à balayer du revers de la main.
Ce qui m’amène à me poser la question suivante : je suis toujours étonné de constater à quel point, lors des expositions de voiliers ou des meetings nautiques, combien les gens rêvent de vivre sur un voilier pour un temps ou encore de terminer leurs jours sur un voilier. Mais le veulent-ils vraiment? Je crois que non. Je crois que la plupart perçoivent ce style de vie comme étant à la mode dans un premier temps, le signe ultime d’une liberté totale à atteindre et confirmant la réussite de sa propre vie. Pourtant, si la pratique de la voile dégage avec autant de force ce sentiment de liberté, nombreux sont ceux ayant mal évalué le concept du temps lorsque vient le temps de vivre sur un bateau. Sur l’eau, la notion du temps est totalement déphasée. Se déplacer du point A au point B peut vous prendre 3 heures. La même distance peut aussi vous prendre 3 jours. Ici, personne d’entre nous ne dicte les règles.
Je crois aussi que cette motivation à fuir la vie terrestre et son calme plat pour le roulis incessant de la mer vient parfois de cette envie de tout abandonner et de fuir notre quotidien. Ultimement, je connais des gens, sous le coup de la déprime, qui ont tout vendu (maison, voitures et le reste) pour se lancer tête baissée dans l’achat d’un voilier et sillonner les mers pour fuir leurs quotidiens. Au bout de quelques mois (parfois même quelques semaines) certains sont revenus à quai, épuisés et complètement vidés de leur rêve, car la liberté que leur promettait la mer s’est révélée décevante. C’est une dure leçon, il va sans dire, mais ça arrive encore trop souvent.
Pour ma part, malgré quelques sorties estivales sur l’Atlantique, je suis à quai depuis un bon moment. Je m’en tiens à mon plan, celui d’améliorer sans cesse l’endroit où je vis présentement, pour ensuite m’en départir dans quelques années avec le sentiment du devoir accompli. Là, je ferai l’acquisition d’un grand voilier et je partirai pour ne revenir que lorsqu’encore une fois, je serai persuadé d’avoir vraiment fait le tour. Puis je passerai à autre chose.
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En effet, c'est une question de fuite, comme le voyage souvent en général.
RépondreSupprimerJe suis aussi attiré par la voile mais jamais je plaquerais tout pour y vivre sans avoir fait un peu avant. Et encore, c'est un choix de vie "extreme" tout de même. Kim Hafez (je parle de ces livres sur mon blog) est en train de le faire, il s'est achete un voilier et veut continuer sa vie de nomade ainsi.
Je pense que c'est une bonne chose d'avoir une base agréable où se sent bien, j'y pense!
Salut Fabrice,
RépondreSupprimerPour moi, la voile ne se présente pas comme le but ultime et définitif à atteindre mais bien comme un passage obligé. De plus, de nos jours, il est possible de gagner sa vie d'à peu près partout dans le monde, et même à partir d'un voilier. Or donc, l'idée de tout vendre ne m'effraie pas le moins du monde, sachant que suite à un périple de 4 ou 5 ans à voile disons, il est possible de revendre l'embarcation et de se prendre un pied à terre dans un endroit ou un autre. J'appelle cette façon de faire "vivre sans filet". Mais cela implique, d'une façon ou d'une autre, qu'il faille travailler toute sa vie pour amasser un peu d'argent servant à assouvir la passion du voyage.
Yves