Le voyage intérieur

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L’article suivant vous paraitra peut-être étrange dans le contexte de ce site, mais il reflète à mon sens un mal qui ne cesse de se répandre à une vitesse folle: celui de ne plus avoir confiance en la vie, en soi, en son futur. Pourtant...


L’histoire qui suit s’est déroulée pas plus tard que cette semaine. Il s’agit d’une discussion entre un type dont je tairai le nom (disons Vincent pour les besoins de la cause) et moi. Nous étions accoudés au comptoir d’un pub de la région afin de regarder un match de hockey et à la fin, nous avons fraternisé un peu en sirotant notre bière. Les questions habituelles en fait. De quelle région tu viens, tu fais quoi dans la vie, tu as des enfants, une voiture, etc...

Ce n’est que lorsque je lui ai parlé du projet que Martine et moi allions entreprendre en 2012 que j’ai saisi toute l’ampleur du projet en question. Non pas que j’avais négligé de le visualiser jusqu‘à maintenant car honnêtement, j‘y pense à chaque jour, mais plutôt parce que pour certains, l’absence de rêve est un mal qui les ronge de façon sournoise. Il m’a donné l’impression d’être au bord d’un précipice. Au propre comme au figuré.

-Super votre projet. Génial même. Mais au bout du compte, ça va donner quoi?
-On ne le fait pas pour une raison particulière. Ni sans rien attendre en retour.
-Alors pourquoi vous le faites?
-Simplement pour nous. Difficile à expliquer. Un besoin je suppose.
-Ouais. On a tous besoin de quelque chose j’imagine. Tu vois, moi je n’ai besoin de rien. Enfin si. J’aurais besoin d’un peu plus de chance dans la vie. T’as déjà eu l’impression d’avoir été abandonné des Dieux?

Sur le coup, je me suis posé la question. À savoir si j’avais déjà été abandonné des Dieux. Peut-être bien que oui, mais je me suis toujours accroché à quelque chose. N’importe quoi. Des trucs ridicules parfois, mais ça a toujours fonctionné. Mais pour Vincent, j’avais l’impression que toute sa vie tenait à un fil plutôt mince, presque invisible.

-Rien n’a jamais fonctionné pour moi, a-t-il repris après une gorgée de bière. Ni avec les femmes, ni avec le travail, ni avec l’argent. Rien.
-Mais tu as la santé? Ça compte!
-Ouais, ça compte. Mais tu vois, j’aurais aimé avoir un peu plus de chance dans la vie. Réussir des trucs. Je sais pas. Un peu plus d’argent.
-Il n’est jamais trop tard!
-Tu voudrais que je fasse quoi? Me lancer dans un truc genre tour du monde? Je dis pas que ton truc est con, mec. Ce n’est pas ce que je dis. Mais pas pour moi. Je n’ai même pas d’argent! Je n’ai même pas de travail, sauf de petits boulots à droite et à gauche. Des boulots de merde. Abandonné des Dieux je te dis. Et ça me fout un peu la trouille. Ne va pas me prendre pour un poète, mais je me sens comme un navire qui dérive dans une nuit noire, sans gouvernail, sans destination. Je me sens vide à l’intérieur, comme si plus rien n’avait d’importance. Je me sens vide c’est tout. Ça t’est déjà arrivé de te sentir aussi vide? L’impression de ne plus avoir rien à attendre de la vie?

Il y eut une grande pause. Pause durant laquelle les yeux de Vincent se sont couverts d’un voile humide et où moi, ne souhaitant pas du tout jouer les psychologues de salon, fus traversé par un éclair de génie. Enfin, c’est la seule chose qui m’est venue à l’esprit, cet éclair. Et je me dois de vous en remercier tous, lecteurs et participants de ce blog. Je lui ai donc répondu ceci:

-Je t’offre un tour du monde, Vincent. Peut-être pas exactement ce à quoi tu t’attends, mais dans l’immédiat, c’est ce que j’ai de mieux à t’offrir. Tu as Internet chez toi?
-Ouais. Mais c’est pas mon truc tu vois.
-Pas grave. Je t’offre quand même ce tour du monde. Je t’offre Sandro et sa Birmanie, Piotr la star Polonaise, Fabrice et sa Colombie du moment, Martin, Tewoz, Madame Oreille et ses vidéos que j’adore, Marjorie, Laure, Aline, Matt et j’en oublie! Il y en a des centaines!
-Qu’est-ce que tu veux dire, mec?
-Tous ces gens sont des passionnés! Et ils viennent parfois faire un tour ici (je lui glisse l’adresse de Destination-Terre sur un bout de papier). Peut-être même qu’ils t’écriront un mot d’encouragement! Tu pourras ensuite jeter un oeil à ce qu’ils font, à ce qu’ils voient, à ce qu’ils vivent tous! Voilà ce que je t’offre. Ce n’est pas beaucoup mais tu verras. Jamais plus tu ne ressentiras ce vide, ils te rempliront de leurs histoires!
-T’es cool, mec. J’irai voir un de ces quatres. J’irai voir tes potes.  Sur Internet je veux dire.
-Je suis pas cool, comme tu dis. Je suis peut-être seulement quelqu’un qui a su combler un vide dans sa propre vie.

Alors voilà pour la petite histoire.  Et poursuivons le rêve de chacun, peu importe où tous nous nous trouvons.