On a passé le cap du 300 jours...

...à peu près comme deux navigateurs passeraient un cap au 40e rugissant.  Des eaux noires, des déferlantes et pas beaucoup de calme entre deux tempêtes.  Mais on s'en sort indemne.  Heureusement.

Alors, où en sommes-nous à moins de 300 jours du départ?




J'aimerais vous parler de passeports, d'itinéraire, de bagages et de tout autre dossier en lien avec nos préparatifs.  J'aimerais vous parler de la réaction de mes collègues à l'annonce de notre départ en tour du monde.  J'aimerais vous parler de la visite surprise de Mawoui et de sa fille Roukie à la maison.  J'aimerais vous parler du tricopter, de Lulu...  Malheureusement, en un petit claquement des doigts, tout cela a perdu de son importance.

C'est fou comme une vie peut changer en l'espace de quelques heures...

Depuis samedi dernier, notre quotidien est devenu un mauvais film de série B, une parodie, un cauchemar, une montagne russe mal huilée.  Choisissez le terme qui vous convient.

En ce qui me concerne, c'est de l'incompréhension totale.  Comment une femme de 74 ans en pleine forme, qui ne fume pas, ne boit pas, marche 4-5 km par jour beau temps mauvais temps, qui joue à quatre pattes avec ses petits-enfants, qui voyage et profite de la vie à 100%, sans jamais porter de jugement sur rien ni personne, qui est généreuse, qui croit profondément en Dieu, qui est bonne et toujours souriante, comment peut-elle se retrouver à deux doigts de nous quitter suite à une opération de routine???!!!

Samedi matin, opération réussie mais petits problèmes respiratoires.  Départ pour les soins intensifs pour assurer un suivi plus régulier.  Samedi midi, le médecin nous annonce que les chances de survie sont très minces!!!  Double pneumonie carabinée dans chaque poumon, infection, rythme cardiaque et pression artérielle dans le plafond, apport en oxygène quasi nul, on branche la patiente sur respirateur artificiel...

J'ai manqué un épisode?!?!

"On fait notre possible, elle se bat alors on va continuer à se battre avec elle, gardez espoir mais soyez réalistes,..."  Bla bla bla...

Et le manège commence à tourner... Samedi soir: aucun changement.  Dimanche matin: elle réagit!  Dimanche soir: elle régresse.  Lundi matin: stable.  Lundi soir: elle réagit!!  Mardi matin: aucune nouvelle.

Yves et moi avons vécu le départ de nos pères, des départs annoncés, auxquels nous avions eu le temps de nous préparer.  Mais cette fois, la maladie nous prend par surprise, comme un coup de poignard dans le dos. 

La mère de Yves a encore des chances de s'en sortir.  Elle va s'en sortir.  Elle n'a pas le choix, car elle doit nous accompagner en Californie dans quelques mois...

Rares sont les gens qui oseront dire que leur belle-mère est géniale.  Ben moi je le dis!  Elle est absolument géniale!!  Alors Jeannine, tu ne lâches pas!!

Je ne veux pas tomber dans le mélodrame, car nous n'avons ni le temps ni l'énergie pour ça.  La vie n'est pas un téléroman.  Nous avons d'ailleurs déjà parlé de la "vraie vie", de ce qu'était la "vraie vie".  Ben c'est ça.

Yves se demandait si c'était pertinent de vous en parler.  Je crois que oui.  Ne serait-ce que pour nous faire réaliser à tous qu'il y a urgence de vivre...

(sur la photo, Jeannine à bord du Bounty l'été dernier)