Le projet de Destination Terre: un trip de riche?

Je ne sais pas si certains d’entre vous se souviennent, mais il y a quelques mois de ça, Martine a eu l’occasion de s’entretenir avec Isabelle Maréchal, animatrice radio à 98,5 fm, en rapport avec le projet que nous sommes à préparer. Pour la plupart, les auditeurs semblaient en accord avec notre projet et notre vision, le trouvant au passage intéressant et un brin audacieux, mais pour d’autres, ce fut tout le contraire.

Je m’explique. Durant l’émission, une dame a envoyé un courriel à Isabelle, lui mentionnant que notre aventure à venir n’était ni plus ni moins qu’un trip de riche, le genre d’aventure en fait que seul les gens aisés peuvent se permettre afin de souligner une retraite bien méritée. Désolé de vous l’apprendre, et au cas un quelqu’un se serait fait de fausses idées à notre sujet, nous ne sommes pas du tout des gens aisés. Loin de là. Demandez à notre famille, à nos voisins ou même à notre institution financière s’il le faut! Riches? Pas du tout. Audacieux? Ça oui!

Or depuis ce temps, nous avons reçu, comme à l’habitude, quelques courriels plutôt acidulés où l’on nous indiquait clairement qu’il n’y avait rien de très prestigieux, et encore moins aventureux, à parcourir les routes de la planète à bord d’un luxueux camping-car. Rien de très noble à envahir les terrains de camping avec notre grosse maison roulante, à faire des barbecues répétitifs (en compagnie d’autres snobinards de la même espèce) en prenant des apéros tout aussi répétitifs, à se gargariser de notre réussite tout en discutant des performances-moteur de notre cambuse sur roues, pour ensuite aller se mettre au lit complètement bourrés (toujours dans notre camping-car climatisé) pour ensuite remettre ça le lendemain. Encore et encore. Désolé de remettre ici les pendules à l’heure, mais ce scénario, il appartient plutôt à l’idée de ce que plusieurs se font de la retraite. Ce n’est pas notre scénario à nous.

Et quel sera votre scénario à vous, petits futés?

Je ne peux malheureusement pas vous le dire pour l’instant. Désolé. Notre scénario à nous, petits futés, fera l’objet d’un article à venir. Continuons.

En fait, notre projet implique des choix difficiles, des choix risqués et beaucoup de compromis. Un peu à l’image des funambules, nous travaillerons sans filet. Il faudra donc éviter les chutes. C’est le pari de notre vie en fait. Un pari que nous devrons gagner.

Et quels sont donc ces choix si difficiles et ces compromis, petits futés?

Reprenons du début. Dans l’hypothèse que nous ne sommes pas riches du tout, nous devons vendre notre maison. Ce qui n’est pas rien. Notre maison, c’est aussi notre toit, notre port d’attache, la grotte qui nous protège des intempéries. C’est aussi notre nid. Si nous étions des gens riches, nous n’aurions pas besoin de nous en départir afin de poursuivre notre projet. Nous l’aurions simplement... louer pour y revenir plus tard.

L’argent de la vente servira donc à financer l’achat du camping-car, ainsi que les trois premières années de notre périple selon un budget modeste et réaliste. Les dépenses seront donc coupées au minimum. Ce qui signifie que les barbecues et les apéros trop fréquents risquent de se faire rares... Et au risque de me répéter, il ne s’agit pas non plus d’une formule voyage. Nous serons sur la route pour découvrir de nouveaux endroits mais surtout des gens.¸ Tout ça implique aussi qu’une grande partie de notre temps sera dédiée au travail. Vous avez bien lu. Nous partons ainsi non pas pour faire la dolce farniente, mais bien pour travailler.

En ce qui concerne le camping-car, nos besoins sont modestes là aussi. Jusqu’à présent, notre choix se portera sur un modèle Rialta. C’est bien, mais ce n’est pas le grand luxe non plus. L’espace y est restreint mais fonctionnel. Nous avons besoin d’un véhicule petit, pas trop encombrant sur les routes et surtout facile à déplacer. De plus, comme nous prévoyons être très mobiles, l’économie d’essence n’est pas à négliger dans l‘équation. Il faut faire un choix entre le confort d’un très gros camping-car en comparaison avec l’économie d’essence que nous permettra un plus petit modèle.

Je peux toutefois comprendre l’idée générale derrière ces courriels. C’est qu’ici, au Québec (et culturellement parlant) il est important d’afficher sa réussite via ses biens de consommation. Les gens trouvent important de toujours acquérir et posséder quelque chose de plus gros, de plus luxueux et plus dispendieux que nécessaire. On s’affiche ainsi. Peut-être avons-nous été perçus de cette façon? Probablement. Pourtant, ceux qui nous connaissent savent que nous sommes plutôt discrets. Notre projet ne servira donc pas à épater la galerie mais bien à nous accomplir en tant qu’individus. Nous souhaitons aussi, par la même occasion, encourager d’autres gens à accomplir des choses, à démarrer des projets et à poursuivre leurs rêves jusqu‘à les attraper! Si nous avons à épater des gens, c’est de cette façon que nous voulons le faire. Et pas autrement.

Notre aventure en sera aussi une de partage, en ce sens qu’il vous sera tout à fait possible, une fois que nous serons la route, de nous envoyer un petit courriel qui je l’espère, ressemblera à celui-ci:

Dites-donc, les copains, nous avons vu dans votre dernier article que vous étiez tout près du Grand Canyon pour quelques semaines encore et ma copine et moi (imaginez ici qu’il s’agit de vous!) on va justement passer quelques jours là-bas. On se demandait s’il ne serait pas possible de se faire un petit coucou entre amis histoire de faire connaissance autrement que dans le cyber-espace...

Ce à quoi il nous fera plaisir de répondre:

Pourquoi pas! Et au fait, n’allez surtout pas vous casser la tête à louer une chambre d’hôtel. Il nous fera plaisir de vous accueillir dans notre modeste mais chaleureux camping-car! On poussera même l’audace jusqu’à se faire un barbecue et boire quelques bières. Ça vous va?

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